Domaine Bouchard-Champagne, St-Basile-le-Grand

[Blacksmith]

Domaine Bouchard-Champagne, St-Basile-le-Grand : mot d’ordre : la qualité !

J’ai passé souvent devant ce domaine situé sur le chemin/rang des Vingt, reliant St-Bruno à St-Mathieu-de-Beloeil, bordant ainsi St-Basile-le-Grand. Contre le flanc du mont St-Bruno, on voit clairement le domaine, la résidence et le chai en haut de la colline dont la vigne est très bien visible de la route. « Un jour je vais arrêter » me disais-je sans vraiment penser à prendre le temps de le faire. Cet été, Vinus nous a servi le blanc à l’aveugle et là,… je me devais d’y aller pour vrai…



Je prends donc un RDV pour Dantès, Whitesmith et moi-même. Réponse rapide et cordiale, nous sommes les bienvenus. Une fois sur place, on se présente et le monde est petit ! Monsieur Champagne qui a fait sa carrière comme comptable connaît une série de personnages que j’ai connus pour être sous leurs ordres à la Banque il y a quelques années… La table était mise pour une visite très « personnalisée » !!! La prémisse de base de M. Champagne : « on est tous des amateurs de vins ».

L’idée de démarrer un vignoble vient d’une passion qui est née lors de ses nombreux voyages. Une fois de retour au Québec, assisté d’un conseiller œnologue français, la tournée du Québec s’entame pour trouver un site, pour aboutir sur le présent emplacement. Pour choisir la variété du raisin, une analyse économique et le potentiel œnologique est faite par ce même conseiller et sur tous les cépages présents au Québec comparés, le Frontenac ressort gagnant.

Sur le vignoble, il y a 25,000 plants de Frontenac dont 8,000 de gris. Le rendement recherché est de 2kg/plant, soit une bouteille par au plant. Le vignoble est planté à 1,000 plants à l’acre, les rangs sont à 9pi et l’espace entre les plants de 4.5pi. La coupe est en cordon de Royat. Il y a un seul arrosage préventif par année contre le mildiou (le plant est résistant à cette principale maladie de la vigne).



Nous commençons par la visite de la cuverie. Pressoir pneumatique, cuves en inox (italiennes et québécoises). La capacité de production est actuellement de 20,000 bouteilles par an.



La salle de vieillissement, barriques à chauffe moyenne et élevée avec des heavy-toasted head. Le rouge y séjournera jusqu’à 30 mois. On goûte sur barrique la cuvée 2010, l’ensemble est déjà en train de se faire… intéressant. La température est fraîche et l’humidité est de 90% pour limiter l’évaporation du vin par capillarité du bois.



Sur le prix de revient et la SAQ…
M. Champagne nous parle des difficultés que les vignerons rencontrent, je synthétise le fond de cet échange très intéressant : Le premier défi est le choix entre la qualité et la quantité ! Lorsqu’on sait que la SAQ fixe en quelque sorte le prix final, le prix au chai est obtenu en faisant le calcul à l’inverse. Il n’en reste pas beaucoup pour le producteur.

Ensuite, le choix du contenant et du bouchon. Une bouteille plus légère à fond plat ou l’utilisation d’une bouteille à vis viendrait donner une image de « bas de gamme » alors que de prendre une bouteille bordelaise standard et un bouchon de qualité fait en sorte que le prix par bouteille est de 2.50$ pour le contenant seulement. Ce que Monsieur Champagne a décidé de faire, élevant ainsi d’autant son prix de revient.

La distribution :
Aucune commune mesure avec la LCBO… Par contre, une population de vignerons québécois qui n’a pas toujours les moyens de soutenir les rigueurs qu’impose la qualité. Si 80% des vignerons produisent des micro productions qui sont vendues facilement au domaine ou dans la région, la pression sur la distribution et l’association vers un niveau que qualité sont plus difficiles à atteindre.

Le marketing, le label, les clubs, les listings sont selon M Champagne, les seuls moyens efficaces de promouvoir sa production. Il faut amener des gens au domaine, les faire consommer sur place (il y a une belle salle de réception d’ailleurs) et les faire acheter les produits. Les grands réseaux de distribution ne sont pas nécessairement volontaires pour écouler ce genre de produits selon lui.

La recherche,…
M champagne fait beaucoup de tests. La récolte de 2011 ne sera pas toute produite afin de procéder à différents essais toujours en vue d’améliorer la qualité. Un peu comme le rosé qui a été abandonné après ses premières années de production et non pas par manque de qualité dans ce cas, mais bien par faute d’ouverture du marché.

Rouge :
17,000 plants de Frontenac noir, 24 à 30 mois de bois.

2008 Réserve
Nez sur la fumée, fruit rouge, fraise écrasée, finale légèrement boisée et vanillée. Finale de longueur moyenne. Bien.

2007 Classique
Premier millésime, tout est en fruit, le boisé est fondu et les tanins sont dociles. Belle acidité en bouche qui est agréable. Finale facile. Correct.



Blanc :
8,000 plants de Frontenac gris, 14 mois de bois

Couleur dorée, la texture semble grasse. La bouche est droite avec un bon corps. Le fruit, la pêche revient. Finale de longueur très correcte. Très belle qualité, c’était le vin qui a amené à la visite et cela est confirmé encore ! Très bien.



Perpétuel, Vin Passerillé :
Produis avec les millésimes 2007-08-09. Les raisins sont séchés à l’extérieur du mois d’octobre à mars, le vin a alors un taux d’alcool probable de 28% et termine à 13.5%. La couleur est fauve, l’ensemble est gras, liquoreux et l’alcool n’est pas perceptible. Beau produit ! Bien +

Conclusion
Une visite passionnante avec des vins présentant une qualité très acceptable. Le blanc et le Passerillé encore plus. Je dois avouer avoir apprécié les rouge même si mon préjugé que seuls les blancs devraient se développer au Québec est encore présent. La rencontre avec ce passionné y fait pour beaucoup. Pas de prétention de faire « le meilleur », mais des gestes pour y tendre. L’analyse et la compréhension du modèle d’affaires et des défis que cela représente sont un « business case » en soi. Bref, une excellente visite et allez visiter M Champagne en disant que vous l’avez vu sur fouduvin, je suis convaincu que vous apprécierez également votre visite.



http://www.bouchard-champagne.com/

[Vinus]

Tant mieux si vous avez passez un bon moment.

Pour ceux qui ont l'occasion, c'est vraiment une belle visite. Des vrais passionnés qui n'hésitent pas à prendre les chemin les plus ardus afin d'obtenir toujours davantage de qualité.

De superbes blancs, malgré que les producteurs s'entêtent à tabler sur le rouge, qui est tout à fait acceptable en passant.

Avec plus de producteurs de cet acabit (et une réformes des politiques), on pourrait vraisemblablement donner une aire d'allée à l'industrie vinicole québécoise.

[Picpoul]

Bonjour,

J'ai entendu dire que ce domaine aurait été acheté par une grande maison française. J'ai fait quelques recherches mais rien trouvé. Est-ce que quelqu'un a entendu parlé de ça ?

[Picpoul]

Bonjour,

J'ai entendu dire que ce domaine aurait été acheté par une grande maison française. J'ai fait quelques recherches mais rien trouvé. Est-ce que quelqu'un a entendu parlé de ça ?

Finalement je me suis fait dire que c'est Louis Lurton. Son équipe aurait pris possession déjà cette été.

[Mario]

En consultant le registre des entreprises, on peut voir que c'est maintenant Lurton-Champagne le propriétaire