Visite au Domaine Christian Moreau Père & Fils
Posté : lun. 26 févr. 2018 22:35
Visite au Domaine Christian Moreau Père & Fils (automne 2017)
Historique: la famille exploite la vigne depuis 1814. Guy Moreau a fondé la maison J. Moreau et Fils avec son cousin Jean-Jacques en 1974. C’était une grande entreprise qui produisait 8 à 9 millions de bouteilles de vin de toute la France en cuvées génériques. Les vins étaient exportés dans 120 pays. L’entreprise était associée à la compagnie canadienne Hiram Walker qui a acheté les parts familiales en 1984. Ensuite J Moreau a été vendue au conglomérat Jean-Claude Boisset en 1998. Christian, le fils de Guy, a travaillé plusieurs années dans le domaine de la foresterie en Alberta. C’est là qu’il a rencontré sa future épouse Christine Parent, originaire de Rimouski. Leurs 2 premiers fils sont nés au Canada, puis Fabien est né en France. Christian a travaillé pour J. Moreau à son retour en France puis a décidé en 1997 de reprendre sa part des vignes familiales, donc le contrat lui a permis de débuter les activités de Christian Moreau Père & Fils en 2002. Le cousin de Fabien, Louis, a également débuté un domaine familial à la même période (Domaine Louis Moreau, qui gère 100 Ha). Fabien, 6e génération de vigneron, a donc débuté l’aventure avec son père en 2002.
Superficie et nombre d’appellations: maintenant 12,5 Ha donc 5,5 Ha en grand cru. Production de 100-150 000 bouteilles lors de millésimes normaux (la normalité n'a pas été vue depuis un certain temps à Chablis). 90% des vins sont exportés.
Équipe: 5 employés à temps plein dans les vignes, en plus d’une employée administrative à demi-temps. Fabien gère seul le travail en cave depuis la retraite de son père.
Travail à la vigne: le domaine travaille en bio depuis 2008 et est certifié depuis 2013 (exclusion: le Chablis en négoce destiné à l’exportation). Fabien a remarqué un changement dans le style des vins à partir du millésime 2010, une finesse et un équilibre qu’il attribue aux effets du bio. Peu de domaines sont certifiés en agriculture biologique ou en biodynamie à Chablis…
Vendanges: 100% manuelles y compris le Petit Chablis.
Vinification: levures indigènes seulement. Ajout d’un peu de soufre après la fin des fermentation.
Élevage: un maximum de 3-5% de fûts neufs est utilisé. On utilise des fûts de 1 à 3 vins pour le reste. Certains vins sont parfois vinifiés/élevés seulement en fûts (les grands crus les millésimes où les rendements sont faibles comme 2017, sauf Clos qui visite le fût dans une proportion maximale de 50%; Blanchot et Clos des Hospices aussi 100% fût en 2016) mais avec des rendements normaux, la plupart des vins sont en partie en fûts et en partie en cuves inox. L’élevage est de 8-9 mois pour Vaillon, 10-12 mois pour les grands crus. Fabien privilégie l’utilisation des pièces bourguignonnes de 228 litres afin de limiter l’effet du chêne et aussi de faciliter la gestion des barils. Il a quelques feuillettes de 132 litres pour gérer le volume (quand il n’y a pas assez de vin pour remplir une dernière pièce) mais la gestion d’une cave complète en feuillettes impliquerait beaucoup plus de barils et donc beaucoup plus de temps à les laver, préparer, etc.
Assemblage et mise en bouteille: Fabien assemble le contenu des fûts avec celui des cuves et les laisse en cuves 3-4 mois pour le Vaillon (donc embouteillage après un total de 12 mois) et 4-6 mois pour les grands crus (donc embouteillage après un total de 16 mois). Cette période de repos en cuves permet la stabilisation des vins et une meilleure intégration du fût. Fabien ajoute également les lies de l’élevage au début de cet assemblage afin d’amener de la réduction et une protection contre l’oxydation. Il ne pratique pas de stabilisation tartrique donc les vins peuvent avoir des dépôts de cristaux de tartre au fond de la bouteille. Ajout d’une petite quantité de soufre avant la mise.
Garde: Fabien aime attendre en général un minimum de 2 ans avant d’ouvrir Vaillon et 3 ans pour les grands crus. Il préfère les grands crus à partir de 4-5 ans.
Service: pour les jeunes millésimes (1-3 ans) il suggère un court passage des grands crus en carafe 20-30 minutes, en particulier si on n’a pas le temps d’attendre l’évolution du vin dans le verre (par exemple lors d’une dégustation de groupe). Pour les vins plus vieux que 3 ans, il ne recommande aucune préparation particulière. Il mentionne de faire attention de ne pas les servir trop frais: idéalement à 10 degrés pour les boire à 12 degrés.
Millésimes: la grêle du 18 et du 27 mai 2016 a causé des dommages, puis 6 semaines de pluie a fait place au mildiou. Perte de 50% de la production. Début des vendanges le 27 septembre. Les 2016 démontrent une acidité semblable à 2015 mais sont plus concentrés et puissants vu les rendements plus faibles. 2017 sera un millésime de grande tension mais 8 jours de gelée de printemps en avril ont amputé grandement les rendements en grands crus avec une perte de 70%! Une seule pièce de Blanchot en 2016 et 2017 (donc 100% fût). Fabien nous explique qu’il n’utilise plus de chauffage au fuel mais seulement des bougies de paraffine végétale pour tenter de limiter les dégâts du gel.
Globalement, en grand cru, le rendement du domaine de 2015, 2016 et 2017 équivaut à un seul millésime normal.
Pour ce qui est de l’aspersion d’eau pour protéger les bourgeons à l’aide de gouttes de glace, cette technique n’est possible que sur Bougros et Fourchaume (et quelques exceptions) en raison de la proximité au Serein.
Un projet pilote aura lieu pour 3 ans sur 12 Ha de divers producteurs (dont les 0,5 Ha du Clos des Hospices du domaine) sur la protection des vignes contre les gelées printanières en les recouvrant d’une bâche de la mi-avril à la mi-mai.
Historique: la famille exploite la vigne depuis 1814. Guy Moreau a fondé la maison J. Moreau et Fils avec son cousin Jean-Jacques en 1974. C’était une grande entreprise qui produisait 8 à 9 millions de bouteilles de vin de toute la France en cuvées génériques. Les vins étaient exportés dans 120 pays. L’entreprise était associée à la compagnie canadienne Hiram Walker qui a acheté les parts familiales en 1984. Ensuite J Moreau a été vendue au conglomérat Jean-Claude Boisset en 1998. Christian, le fils de Guy, a travaillé plusieurs années dans le domaine de la foresterie en Alberta. C’est là qu’il a rencontré sa future épouse Christine Parent, originaire de Rimouski. Leurs 2 premiers fils sont nés au Canada, puis Fabien est né en France. Christian a travaillé pour J. Moreau à son retour en France puis a décidé en 1997 de reprendre sa part des vignes familiales, donc le contrat lui a permis de débuter les activités de Christian Moreau Père & Fils en 2002. Le cousin de Fabien, Louis, a également débuté un domaine familial à la même période (Domaine Louis Moreau, qui gère 100 Ha). Fabien, 6e génération de vigneron, a donc débuté l’aventure avec son père en 2002.
Superficie et nombre d’appellations: maintenant 12,5 Ha donc 5,5 Ha en grand cru. Production de 100-150 000 bouteilles lors de millésimes normaux (la normalité n'a pas été vue depuis un certain temps à Chablis). 90% des vins sont exportés.
Équipe: 5 employés à temps plein dans les vignes, en plus d’une employée administrative à demi-temps. Fabien gère seul le travail en cave depuis la retraite de son père.
Travail à la vigne: le domaine travaille en bio depuis 2008 et est certifié depuis 2013 (exclusion: le Chablis en négoce destiné à l’exportation). Fabien a remarqué un changement dans le style des vins à partir du millésime 2010, une finesse et un équilibre qu’il attribue aux effets du bio. Peu de domaines sont certifiés en agriculture biologique ou en biodynamie à Chablis…
Vendanges: 100% manuelles y compris le Petit Chablis.
Vinification: levures indigènes seulement. Ajout d’un peu de soufre après la fin des fermentation.
Élevage: un maximum de 3-5% de fûts neufs est utilisé. On utilise des fûts de 1 à 3 vins pour le reste. Certains vins sont parfois vinifiés/élevés seulement en fûts (les grands crus les millésimes où les rendements sont faibles comme 2017, sauf Clos qui visite le fût dans une proportion maximale de 50%; Blanchot et Clos des Hospices aussi 100% fût en 2016) mais avec des rendements normaux, la plupart des vins sont en partie en fûts et en partie en cuves inox. L’élevage est de 8-9 mois pour Vaillon, 10-12 mois pour les grands crus. Fabien privilégie l’utilisation des pièces bourguignonnes de 228 litres afin de limiter l’effet du chêne et aussi de faciliter la gestion des barils. Il a quelques feuillettes de 132 litres pour gérer le volume (quand il n’y a pas assez de vin pour remplir une dernière pièce) mais la gestion d’une cave complète en feuillettes impliquerait beaucoup plus de barils et donc beaucoup plus de temps à les laver, préparer, etc.
Assemblage et mise en bouteille: Fabien assemble le contenu des fûts avec celui des cuves et les laisse en cuves 3-4 mois pour le Vaillon (donc embouteillage après un total de 12 mois) et 4-6 mois pour les grands crus (donc embouteillage après un total de 16 mois). Cette période de repos en cuves permet la stabilisation des vins et une meilleure intégration du fût. Fabien ajoute également les lies de l’élevage au début de cet assemblage afin d’amener de la réduction et une protection contre l’oxydation. Il ne pratique pas de stabilisation tartrique donc les vins peuvent avoir des dépôts de cristaux de tartre au fond de la bouteille. Ajout d’une petite quantité de soufre avant la mise.
Garde: Fabien aime attendre en général un minimum de 2 ans avant d’ouvrir Vaillon et 3 ans pour les grands crus. Il préfère les grands crus à partir de 4-5 ans.
Service: pour les jeunes millésimes (1-3 ans) il suggère un court passage des grands crus en carafe 20-30 minutes, en particulier si on n’a pas le temps d’attendre l’évolution du vin dans le verre (par exemple lors d’une dégustation de groupe). Pour les vins plus vieux que 3 ans, il ne recommande aucune préparation particulière. Il mentionne de faire attention de ne pas les servir trop frais: idéalement à 10 degrés pour les boire à 12 degrés.
Millésimes: la grêle du 18 et du 27 mai 2016 a causé des dommages, puis 6 semaines de pluie a fait place au mildiou. Perte de 50% de la production. Début des vendanges le 27 septembre. Les 2016 démontrent une acidité semblable à 2015 mais sont plus concentrés et puissants vu les rendements plus faibles. 2017 sera un millésime de grande tension mais 8 jours de gelée de printemps en avril ont amputé grandement les rendements en grands crus avec une perte de 70%! Une seule pièce de Blanchot en 2016 et 2017 (donc 100% fût). Fabien nous explique qu’il n’utilise plus de chauffage au fuel mais seulement des bougies de paraffine végétale pour tenter de limiter les dégâts du gel.
Globalement, en grand cru, le rendement du domaine de 2015, 2016 et 2017 équivaut à un seul millésime normal.
Pour ce qui est de l’aspersion d’eau pour protéger les bourgeons à l’aide de gouttes de glace, cette technique n’est possible que sur Bougros et Fourchaume (et quelques exceptions) en raison de la proximité au Serein.
Un projet pilote aura lieu pour 3 ans sur 12 Ha de divers producteurs (dont les 0,5 Ha du Clos des Hospices du domaine) sur la protection des vignes contre les gelées printanières en les recouvrant d’une bâche de la mi-avril à la mi-mai.