Chapitre de Villeray - À la découverte du Jura

[Raisin breton]

Vendredi dernier, nous sortions - pour la plupart - de notre zone de confort chez Ant-1 avec une dégustation de vins du Jura. Merci à lui pour l’accueil et l’organisation ! Et à sa famille d’avoir supporté notre joyeux boucan...

Pour ma part, depuis 2 ans j’ai bu pas mal de chardonnay du Jura, et ces derniers mois j’ai bien aimé quelques rouges. Mais jusqu’à présent, je n’avais goûté que deux fois à des vins oxydatifs, et jamais à de véritables vins jaunes. Une grande première donc, et plus que convaincante !


Mises en bouche

Crémant du Jura 2011, Délire des Lyres, Les Chaix du Vieux Bourg,, Ludwig Bindernagel
Nez frais sur la mie de pain, la craie et les agrumes. La bouche est sur le même registre, c’est agréable mais ça manque peut-être de concentration et de longueur.

Champagne Devaux Blanc de Noirs
Offert par Arma, de nouveau papa ! Nez floral, relativement intense, avec du citron et des herbes. La bouche est complexe et vineuse, avec du fruit allant de la poire aux baies rouges. Beaucoup aimé.


Apéro

Macvin (Quelqu'un - Ant-1 ? - pourra préciser de quel producteur)
On entre tout de suite dans le vif du sujet avec un macvin, c’est-à-dire du jus de raisin dont la fermentation a été empêchée par l’ajout d’alcool. Oeil saumon, nez complexe mais très spécial, cumin, raisin sec, kirsch. En bouche, de la cannelle s’ajoute, c’est huileux et long mais ça chauffe un peu (16,5º) et c’est très sucré. Intéressant mais j’aurais du mal à en boire régulièrement.


1ère vagues : les rouges

Jean Bourdy Côtes du Jura 2009
1/3 pinot noir, 1/3 poulsard, 1/3 trousseau
Le nez pinote un peu, sur la fraise, la cerise et les fleurs. Intensité moyenne, une touche de feutre qui fait penser qu’un peu d’aération eut été utile. La bouche est vive, assez profonde et structurée je trouve, tout en étant d’une bonne buvabilité.
J’ai fini mon verre avec un morceau de foie gras et ça passait très bien !

Jacques Puffeney, Poulsard, Arbois 2013
Nez réduit qui s’ouvre progressivement sur les fruits rouges, bouche sur le même registre, pas extrêmement complexe mais ça coule dangereusement bien, d’ailleurs c’est le premier verre que j’ai fini.

Camille Loye Arbois 1989
Sévèrement oxydé, ça a tourné au vinaigre. Dommage, j’aurais aimé voir ce que ça donne en bon état.

Remplacé par :
Domaine Labet Poulsard En Billat 2008
Un nez très joli sur un fruité très doux et des arômes secondaires qui commencent à apparaître. Servi un peu chaud, la bouche parvient tout de même à montrer une certaine fraîcheur, c’est facile mais pas sans structure et la longueur est bonne.

Dans l’ensemble, une vague que j’ai bien aimé pour ce qu’elle était : des vins assez léger et vifs, qui appellent la charcuterie et les copains. Mais autour de la table, les avis sont partagés, certains reprochant un manque de gourmandise ou de facteur « wow ».


Interlude

La Biancara Masieri Bianco 2014 (garganega et trebbiano)
Acidité vive, de la poire, du citron, des herbes et de la craie. Comme il sort du frigo, la bouche est un peu dure mais ça reste agréable. Intéressant, j’ai rarement aimé le garganega mais ça mériterait que j’essaie de nouveau.


2ème vague : les vins ouillés

Stéphane Tissot, Arbois les Graviers 2010 (Chardonnay)
C’est encore fumé/tourbé mais ça semble doucement se dissiper par rapport aux bouteilles bues l’an passé. La bouche est grasse tout en étant tendue. De la mirabelle, des feuilles de citronnier, un côté grillé et « marin » également présent. Je dirais que la bouche est « complète » avec une bonne longueur.

Domaine Labet, Fleur de Savagnin 2012
C’est nettement plus salin et herbacé, pour moi, des algues séchées. Peut-être parce qu’il est moins boisé que le précédent ? Le fruit n’est pas en reste mais passe au second plan pour moi. La bouche est superbe, tendue, concentrée et longue.

Deux très beaux vins, qui malheureusement ont vu leurs prix nettement augmenté depuis 1 an (autour de 40$ chaque). À ce prix, j’en achèterai moins mais le RQP reste bon face à d’autres régions (suivez mon regard…)


3ème vague : les vins non ouillés…

… mais qui ne sont pas des vins jaunes. En gros, des vins élevés sous voile pendant environ 3 ans (contre 6 pour les vins jaunes, il me semble) mais ce n’est pas toujours évident, et ces cuvées peuvent aussi être des assemblages de savagnin non ouillé et de chardonnay ouillé, bref, le bordel. Ici, le Jura a encore du progrès à faire en ce qui concerne la lisibilité. Le Berthet-Bondet précise « Tradition » sur l’étiquette (encore faut-il savoir que ce terme désigne un vin élevé sous voile), le Tissot explique clairement le tout mais sur la contre-étiquette et le Macle se moque royalement de nos interrogations en ne précisant rien.

Domaine Macle Côtes du Jura 2009
Le nez le plus fin des trois, sur les amandes, la noisette et une touche de curry. En bouche, des noix encore, mais ce n’est pas si dominant, des agrumes, un bel équilibre, de la finesse et une bonne longueur.

Domaine Berthet-Bondet Côtes du Jura Tradition 2011
Nez sur la laine et la noix, bouche un peu diluée et amère, bof. Un des convives dit l’avoir déjà mieux goûté, possiblement une bouteille off.

Stéphane Tissot Savagnin 2009
Nez puissant, presque agressif avec une bonne dose d’alcool (et encore, quand je l’ai épaulé l’après-midi c’était encore plus puissant et chimique). Mais en arrière, le curry se distingue nettement. La bouche étonne, plus fine que ce que laissait supposer le nez. Pomme verte, citron, concentrée et longue.

Avantage au Macle pour la finesse, quoique le Tissot soit un peu plus impressionnant. De très beaux accords avec les gougères et le Comté 36 mois. Cependant je ne suis pas totalement charmé, même si aux prix demandés cela fait une introduction pas trop dispendieuse aux vins oxydatifs.


4ème vague : les vins jaunes, Château-Chalon !

La prise de note est passablement déficiente sur ces deux vins… Le registre aromatique est sensiblement le même, sur le curry, le spectre noix/amande/noisette et les agrumes. Chaque vin est agréable pour lui-même, mais c’est le Comté 36 mois dévoile toute la puissance et la complexité du nectar, en réveillant le fruit et en soulignant les notes oxydatives.

Domaine Berthet-Bondet, Château-Chalon 2007 (léger doute sur le millésime)
C’est très bon, on sent vraiment le saut qualitatif par rapport à la vague précédente. Je m’attendait à un monstre de puissance, en réalité c’est bien plus fin et tendu que les vins précédents Malheureusement pour lui, il est complètement déclassé par le suivant.

Domaine Macle Château-Chalon 2007
Fin, tendu, complexe et long, superbe vin ! On sent la méthode de vinification mais rien d’entêtant, le fruit est là, la foule applaudit à tout rompre, encore !


After Party

Château Lagarette, 1ères Côtes de Bordeaux, Cuvé Cyrus 2010 (100% cabernet franc)
Vin nature du dernier arrivage. Très plaisant et à bon prix, même si c’est encore un peu serré et que ça fonctionnerait mieux sur quelque grillade. À la fois typique du cépage, de la région et du millésime. Fruit bien mûr mais frais, seulement 12º, aucune déviance. À mettre en pirate face à des Bordeaux plus huppés ou du cabernet franc de Loire.

[Jonathanmustang]

Superbe dégust!

J'ai été agréablement surprit par les vins jaunes, particulièrement le macle

Plusieurs m'avait avertit que le vin jaune, c'était particulier, mais jamais personne m'a dit que c'était aussi bon ! (Dans son style)

J'ai moins aimé les non-ouillés, un peu trop oxydatif et ça manque de finesse, contrairement aux vins jaunes ou le coté oxydatif est mieux balancé

Les rouges sont bon, mais ça fait beaujolais funky, comme vin de soif oui à 100%!

[carswell]

Beau CR, Raisin Breton.

Sauf erreur, le Macvin était un macvin rosé de Jean Bourdy, le Loye imbuvable était sa Cuvée Saint-Paul et le Château-Chalon de Berthet-Bondet était bel et bien un 2007.

Mes vins de la soirée : les deux Macle et Les Graviers de Tissot.

Une dégustation super sympa. Merci au Chapitre de Villeray pour l'invitation et pour l'accueil.

[Avicenne]

Beau CR, merci!
C'est intéressant, car j'allais m'initier au vin jaune.
J'ai justement un Chateau Chalon de Macle ET de Tissot.
J'avais déjà pris note du combo Comté et noix de grenobles.
Comté 6, 9, 12, 24, 36 mois?

Pour ce qui est du Domaine Labet, j'avais comparé le Fleur de Savagnin à la cuvée Fleurs régulière (Chardonnay) et j'avais nettement préféré le second.
viewtopic.php?f=13&t=29124&p=335016&hilit=Labet#p335016

Pas facile à dompter ces bêtes blanches du Jura!
De jolies expériences ou d'amères déceptions, et un goût particulier qu'il n'est pas apprécier de tous.

[Arma]

Comté 6, 9, 12, 24, 36 mois?

36 mois, un délice...

[phil the agony]

Très beau CR qui donne le goût !!

Merci