Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Une soirée en famille, entre amis, une petite virée chez les producteurs et vous voulez une place pour y inclure tous les vins dégustés? Voici l'endroit idéal pour le faire!
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Raisin breton
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Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par Raisin breton » jeu. 02 avr. 2020 17:24

CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE NORD

Chanceux comme vous êtes, j’ai des copains rigolos, je vais d'abord vous retranscrire quelques dialogues des jours précédents la dégustation.

Morceaux choisis :

M. Pink : « Catastrophe ! Tout le monde est malade chez moi, je tiens bon pour le moment mais pas certain que je puisse venir. »
M. B : « Ne baisse pas pavillon et ne fais pas l’ermite. »
M. X : « Énorme. »
M. B : « Il a fallu que je mouline pour la trouver ! »
M. X : « Tu te landonne beaucoup de mal quand même !
M. B : « Je suis fort comme une turque. »
M. JB : « Vous me donnez une bonne shirazade de rire les copains. »
M. X : « Comme me disais un boucher, Jamet on ne se donne trop de mal quand on veut la côte rôtie. »
M. L : « De vrais Cornassiers. »
M. JB : « :lol: Clape Clape Clape. J'ai hâte au Vernayssage de demain. »
(sic)
M. D : « Crozes toujours ! »
M. B : « Vous ne perdez pas le Rhône Nord les amis ! C’est syrah d’avoir des amis tels que vous. »

Et finalement le coup de grâce, au matin de la dégust’ :
M. B : « Six rats rassis vont siroter de la syrah ce soir. C'est si rare ! Un septième rat assis ratisse sa rate: syrah, syrah pas ? Si ça ne réussit pas, petit rat, côte rôtie en enfer ! Ah ça ira ça ira ça ira, la syrah picrate à la lanterne, ah ça ira ça ira ça ira, la syrah picrate on la pendra ! »


Vous l’aurez deviné, notre dernière dégustation de mon groupe, pré-confinement, concernait le Rhône nord. Pas d’une folle originalité mais plaisir quasi-assuré. Comme toujours, dégustation à l’aveugle.

Apéro

Champagne Dehours, Maisoncelle 2008
100% pinot noir

Nez un peu timide au départ mais bien net, sur la mie de pain, la pomme verte, la craie, un léger aspect oxydatif. S’ouvre ensuite avec un fruit plus affirmé. Bouche à l’attaque fine, bulle crémeuse, beau volume mais sur une tension importante entre densité et vivacité. Texture soyeuse, fins amers, très jolie rétro-olfaction, on aimerait un poil plus de longueur.

Joli vin, plus ouvert que les Genevraux (pinot meunier) du même millésime mais le meilleur semble tout de même à venir. Sur quasiment tout Champagne 2008 bu lors de l’année écoulée, c’est la même impression.

Un blanc

Tardieu-Laurent, Condrieu Vieilles Vignes Pas noté le millésime...
Nez moyennement intense, sur l’abricot sec, l’amande, l’érable, et surtout maquillé à l’essence de chêne comme une voiture volée. La bouche attaque sur la noix de coco, le milieu est sur l’abricot et l’huile de coco, finale assez longue sur les mêmes arômes. C’est gras et boisé, pour mon goût cela manque nettement d’acidité pour donner vie à l’ensemble. Ceci dit il y a des qualités de texture et on peut faire de jolis accords à table.
Pas pour moi, quoi : rien à faire, mon palais calibré au chenin de Loire n’y arrive pas avec ce genre de vin.

Rouges – 1ère partie

Cuilleron, Cavanos, St-Joseph 2016
Nez moyennement intense, sur la mûre, la vanille, le charbon et un léger lardé. Bouche à l’attaque large et crémeuse, c’est jeune et l’élevage est évident mais l’équilibre est réussi car finalement la matière s’affine vers une jolie finale sur la mûre.

Cuilleron, Laya, Crozes-Hermitage 2017
Nez moyennement intense, sur la mûre, la vanille… La similitude avec le vin précédent s’arrête là, car un côté rustique prend de suite le dessus, comme si le fruit, le floral et l’élevage se superposaient sans s’équilibrer. La bouche a une matière plus légère que Cavanos mais des tanins plus rugueux qui accentue une perception torréfiée. Ça se rattrape un peu sur une finale en finesse sur la framboise et le floral, mais ce n’est pas l’extase. Je n’ai jamais très bien goûté cette cuvée, à laquelle je préfère chaque année les Pierres Sèche en St-Joseph.

Rouges – 2ème partie

Pirate – Domaine de l’Idylle, Mondeuse, Savoie 2017
Joli nez, pas très intense mais net sur le floral et la framboise. Bouche fruitée, fine, précise. Acidité haute, sûrement un poil de volatile. Divise un peu la table, de mon côté j’aime bien, ça me fait penser aux vins du domaine du Coulet. Un joli canon pas complexe mais qui s’apprécie simplement.

Domaine Vernay, Dame Brune, St-Joseph 2015
On change de dimension. La robe est noire, les larmes grasses. Nez intense de fruits noirs, réglisse, bacon, vanille. À part cet élevage évident cela semble déjà évolué. Bouche à l’attaque fraîche mais puissante, massive mais équilibrée, ça tapisse le palais et la persistance aromatique est très longue. Les tanins réclament du temps mais ne sont pas agressifs.
J’aime beaucoup ! Même si le nez fait déjà un peu évolué, la bouche est bien jeune et fraîche. Je serais curieux de recroiser ce vin dans 10 ans. À la tombée de la chaussette, je ne peux que constater une fois de plus que j’aime les rouges de chez Vernay.

Rouges – 3ème partie

Guigal, La Mouline, Côte-Rôtie 1997
Nez assez intense d’olive noire, de mûre, fumé, touche de champignon poêlé. Nettement plus évolué que les vins précédents mais ne fait pas vraiment son âge tout de même. Bouche dense mais à l’équilibre parfait, sur une matière soyeuse et suffisamment de fraîcheur pour égayer un ensemble un brin monolithique. La longueur est bonne mais à la découverte de l’étiquette on ne peut s’empêcher de penser que c’est excellent mais pas grand.

Ferraton, Hermitage 2009
Passons rapidement sur ce vin au nez discret sur la mûre et à la bouche rugueuse et trop amère. Pas de chance pour lui, ça se boit quand même sûrement très bien pour lui-même mais encadré par les deux Guigal il n’avait aucune chance.

Guigal, Château d’Ampuis, Côte-Rôtie 2007
Très beau nez à l’équilibre impeccable entre fruit mûr mais frais (mûre, framboise), du floral et des notes de poivre vert du plus bel effet. Bouche du même accabit, avec une matière dense mais à la construction ciselée, énorme longueur. Le tout est encore jeune mais se boit avec grand plaisir !


Et voilà, c’est déjà fini ! On se réjouit de se revoir quelques semaines plus tard pour une dégustation qui sera finalement notre première annulation en cinq ans d’existence, à cause de ce fichu virus. Certes il y a des choses plus graves que de ne pouvoir se réunir pour picoler entre potes déguster entre oenophiles, mais tout de même, vous me manquez les copains !


"Qu'est-ce que vous regardez ? C'est la carte routière ? - Non ! C'est la carte des vins. C'est pour éviter les bouchons !" Raymond Devos

FrédéricB
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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par FrédéricB » jeu. 02 avr. 2020 19:45

Bon, sans prise de note et avec une dégustation qui date déjà pas mal, mes notes seront ultra minimalistes.
Merci à JB sans qui nos dégustations tomberaient pas mal dans l'oubli!
Donc pour moi:
Condrieu VV Tardieu-Laurent 2015: je n'ai jamais été fan de Condrieu, ça manque d'acidité, c'est souvent pataud, voire alcooleux, il n'y a guère que les grandes cuvées de grands domaines que j'apprécie, comme Vertige de Cuilleron ou le Côteau de Vernon de Vernay... Cette bouteille ne me fera pas changer d'avis... Le cépage est pour moi illisible, je serais allé partout sauf en Condrieu. C'est maquillé par le bois, il y a certes du gras, de l'ampleur, mais j'y trouve un côté alcooleux excessif, de la lourdeur, un manque d'élégance. Très peu de plaisir.
Cuilleron, Laya, Crozes-Hermitage 2017: Là aussi, ça ne me fera pas changer d'avis sur l'appellation, que je n'apprécie pas du tout. Un vin rustique, mince, avec des tannins rugueux et asséchants, une aromatique où tout fruit a perdu espérance... Aucun plaisir.
Domaine Vernay, Dame Brune, St-Joseph 2015: Un vin au gros potentiel, beaucoup d'élevage mais de la matière, c'est massif, profond et long. A attendre 10 ans au moins.
Guigal, La Mouline, Côte-Rôtie 1997: Dans l'absolu, un très beau vin, mais on s'attend à plus encore, et j'avais déjà bu une magnifique du même millésime il y a 3 ans. Cette bouteille était plus évoluée, et comme l'a dit un des dégustateurs, ce n'est pas ce qu'on attend de la Syrah... Il est vrai que ce vin faisait presque bordelais, avec un fruit fondu, un très bel équilibre, une aromatique de liqueur de fruits noirs, un vin tout en dentelle, représentatif de ce grand terroir de côte blonde, mais semblant malgré tout sur la pente descendante, et manquant de l'éclat et de la profondeur qu'on aurait aimé trouver... Pas de grand vin, que des grandes bouteilles!
Ferraton, Hermitage 2009: Je suis encore plus sévère que mes amis sur cette cuvée, que je goûte pour la deuxième fois. C'est pour moi indigne de l'appellation, un fruit discret, un vin monolithique, avec des tannins durs et asséchants, de l'amertume, une longueur plus que moyenne... N'oublions pas qu'on se trouve dans un excellent millésime d'Hermitage! Rapport Q/P désastreux.
Guigal, Château d’Ampuis, Côte-Rôtie 2007: Cette cuvée n'est pas toujours au rendez-vous, et sur certains millésimes l'élevage a beaucoup de mal à se fondre... Ici, et ce soir-là, c'était une excellente bouteille, et tout ce qu'on peut attendre d'une Côte-Rôtie qui entame son plateau de maturité. Je serais curieux de recroiser cette bouteille dans 7-8 ans.
Presque plus aucun souvenir sur le St-Jo de Cuilleron, la Mondeuse et le champagne...
Modifié en dernier par FrédéricB le ven. 03 avr. 2020 15:26, modifié 1 fois.

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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par Hanibal » jeu. 02 avr. 2020 21:00

Merci pour votre CR. Cette region est une de mes favorites et je suis totalement en accord avec vous sur la.cuvée de.Ferraton ... c'est généralement trop mure comme fruit meme un fruit brûlé à plusieurs reprises.
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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par alain roy » jeu. 02 avr. 2020 21:52

C'est un club privé ? Je suis voisin, de la Petite-Patrie ! :|
Les bateaux sont à l'abri dans les ports, mais ils ne sont pas faits pour ça...

FrédéricB
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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par FrédéricB » ven. 03 avr. 2020 8:00

Salut Alain,
C'est un club complet pour le moment... :-)
Mais en ces temps de Covid, des places pourraient se libérer prochainement!!! :twisted:

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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par Bermtl » ven. 03 avr. 2020 10:34

Merci pour le beau CR, c'est bon pour le moral de lire ce genre de choses par les temps qui courent :!:
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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par Arma » ven. 03 avr. 2020 14:51

Pour info, le Condrieu était un 2015, pas un 2016
Une barrique de vin peut réaliser plus de miracles qu'une église pleine de saints. Proverbe italien

FrédéricB
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Re: Le Chapitre de Villeray ne perd pas le (Rhône) nord

Message par FrédéricB » ven. 03 avr. 2020 15:27

C'est corrigé, merci!

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