Vina Chocalan, Blend Gran Reserva, Maipo 2004
C’est drôle, ce vin avait pas mal fait parler de lui lorsqu’il avait été distribué via le CV puis en Signature, mais plus rien depuis qu’il est plus largement disponible. Snobisme ? Je taquine, pas taper !
Toujours est-il qu’il y a quelque temps, je tombe à la SAQ Beaubien sur plusieurs bouteilles du premier millésime de ce vin, le 2004. Renseignement pris, ce n’est pas du VES mais un « arrivage » récent de la cave des gouverneurs. J’avais goûté une fois au 2009, son fruité très pur m’avait convaincu d’acheter les millésimes suivants et de leur laisser un peu de temps. Alors en voyant ces bouteilles au prix de sortie de l’époque, 23,10$ alors que le 2011 se vend désormais 30$, j’en prends une que j’ouvre le soir même. Je suis retourné le lendemain pour passer la gratte.
http://www.chocalanwines.com/fichas/gra ... 04_eng.pdf
J’avais un peu peur avant d’ouvrir la bouteille : la fiche technique mentionne un pH de 3,80 ! Pas vraiment dans mes standards habituels, moi l'
acid freak...
Œil : encore bien sombre, tout juste le pourtout du disque commence-t-il à rosir.
Nez : intensité forte. Le fruit très mûr, plus noir que rouge (prune, mûre, cassis, mais à l’aération on distingue la fraise et la framboise), est toujours là au premier plan. C'est à la fois éclatant avec un soupçon mentholé, et légèrement patiné. On trouve même une trace de pamplemousse (!) Le second plan est complexe, avec de la fumée, des herbes et du bacon (apport de la syrah ?), des épices douces (vanille) et même du pot pourri. Le tout me fait irrésistiblement pensé au thé Marco Polo (un thé noir très fruité). C’est légèrement évolué mais encore plein de fruit, très charmeur.
Bouche : attaque sur un fruit, à mon grand étonnement, presque croquant, puis qui prend de l’ampleur avec un côté sombre et fumé. Le milieu de bouche est ample, concentré et encore vanillé. On évite la lourdeur grâce à un trait vert qui apporte un peu de fraîcheur avant une finale au fruité très mûr, vanillé, intense et longue. Rétro de chocolat noir et vanille. Tanins presque fondus mais il y a encore une légère astringence. Le vin se goûte sec mais la grosse maturité donne une petite impression de sucrosité.
Une fois à table, le toucher est velouté, et avec l’agneau le trait vert et l’astringence finale s’intègrent parfaitement.
Dans l’ensemble, c’est
Très Bien (++) voire Excellent, mais j’hésite à me prononcer définitivement pour cette fois. En effet, je bois peu de vins rouges aussi massifs, alors dire que celui-ci m’a déstabilisé est un euphémisme. En dégustation pure, il pourrait paraître un peu pataud, la fraîcheur - toute relative - venant ici du trait végétal plus que de l’acidité. Avec par ailleurs un aspect chilien évident (fruité très mûr et doux, menthol/eucalyptus), pas sûr qu’il plaise à tous. Cependant, ce vin est assez unique et la qualité est indéniable, avec un RQP qui me semble imbattable. C’est pourquoi j’ai acheté plusieurs bouteilles, j’y reviendrai dans les mois/années à venir.