PINOT NOIR, ALPHA, 2015, ACONCAGUA COSTA, VINA MONTES

[Don Max]

Je continue ma revue des vins de Pinot Noir du Chili. Une catégorie de vins qui à mon sens est en progression fulgurante. La SAQ offre actuellement plusieurs vins chiliens issus de ce cépage, entre 20$ et 30$, qui offrent un niveau de qualité renversant. J'ai déjà parlé du Talinay Vineyard, Limari, de Tabali, du Grey, Las Terrezas Vineyard, Leyda, de Ventisquero et du Aconcagua Costa de Errazuriz. J'enchaîne avec un autre vin portant l'appellation Aconcagua Costa, mais il s'agit en fait d'un assemblage issu de deux terroirs, une partie des raisins provient de la vallée de Casablanca à 25 km du Pacifique, et l'autre partie provient de Zapallar dans l'appellation Aconcagua Costa, à 7 km de l'océan. Les proportions ne sont pas spécifiées, mais comme le vin porte l'appellation Aconcagua Costa, je présume que la majorité des raisins provient du nouveau vignoble de Zapallar situé sur la côte au nord de Valparaiso. Le vin a été élevé en barriques de chêne français pendant 10 mois (16% neuves, 13% deuxième usage et le reste de troisième usage). Le vin titre à 14% d'alcool, pour un pH de 2.52 et 2.40 g/L de sucres résiduels. Le vin a reçu une substantielle note de 94 de la part de James Suckling.

La robe arbore une teinte rubis translucide. Le nez est élégant et profond et offre une palette d'arômes typiques de ce cépage, avec de la cerise, de la fraise, une pointe de rhubarbe et un mélange doucement épicé qui évoque la muscade et la cannelle. Très beau nez éclatant et frais. La bouche suit de manière cohérente, le vin montre une belle matière dense et concentrée. Le fruit domine l'action, mais est bien balancé par un juste trait d'amertume et le caractère doucement épicée produit un bel effet gustatif en s'intégrant bien au fruit. Le milieu de bouche confirme le très bon niveau de concentration des saveurs, le tout en préservant la fraîcheur et l'impression de légèreté associée aux bons vins de ce cépage. Les tanins sont discrets et fins et la finale est intense et longue.

Un autre vin de Pinot chilien de fort calibre offert à prix extrêmement avantageux (22.45$). Avec les trois vins nommés en introduction on obtient un quatuor éloquent pour plaider la cause des vins de Pinot Noir du Chili issus des nouveaux terroirs frais. Je n'aurais pas peur de mettre ces vins dans un alignement à l'aveugle aux côtés de vins bien plus chers issus de régions plus réputées. Je ne suis pas un fervent des notes précises sur 100, mais ces vins méritent clairement de tomber quelque part dans l'intervalle 92-95. Ça ne rivalise pas avec la crème de la crème, mais c'est pas très loin derrière, et il y a un monde de différence au niveau du prix. Aussi, je n'ai pas de doute sur le potentiel de garde de ces vins. Vraiment, si vous n'avez pas de préjugés inaltérables contre le Chili, il vaut vraiment la peine de donner une chance à ces vins avec l'esprit ouvert. C'est vraiment très bon et le temps en bouteille les rapprochera encore plus du profil classique du cépage, un peu comme pour les Cabs chiliens qui avec l'âge rejoignent le profil de leurs contreparties bordelaises. Ceci dit, on est ici sur des vins propres où on a pas essayé d'ajouter des éléments aromatiques avec de la fermentation secondaire.

[Thommy]

Don Max,

Selon toi, est-ce que la production du Pinot noir au Chili, est en train de dépasser celle du Cabernet Sauvignon ou autre cépage rouge, en terme de qualité de production et de potentiel vinicole? (à ne pas confondre avec potentiel de garde)

Est-ce que les préjugés des amateurs, envers les vins chiliens, est en train de tournée, justement grâce au pinot? Il me semble que les commentaires péjoratifs des amateurs viennent souvent du Cabernet.

Qu'en penses-tu?

Thommy

[Don Max]

Salut Thommy,

Je pense que le Cab est encore le cépage qui est à la base de la plupart des plus grands rouges du Chili, mais ce n'est pas une question de potentiel, c'est juste que le Cabernet est cultivé dans ce pays depuis très longtemps et qu'en général les vignes sont plus âgées, le cépage connu et mieux maîtrisé et les meilleurs terroirs identifiés. La superficie de vignobles plantés en Cabernet est aussi beaucoup plus importante que pour le Pinot. C'est même pas proche. Ceci dit, la Syrah monte très fort dans une belle variété de styles et de climats, alors que le Pinot Noir commence juste à atteindre des niveaux se rapprochant de l'élite.

Pour ce qui est des préjugés que tu évoques, le Pinot ne produit pas d'arômes de cassis frais et de poivron vert. Ça devrait l'aider en jeunesse à éviter d'être étiqueté négativement. Aussi, au-delà du Chili, il y a un mouvement favorisant les vins moins extraits et plus gracieux en jeunesse, on le voit avec ceux qui ne jurent que par la Bourgogne au détriment de Bordeaux. Je pense que le même phénomène de préférence stylistique s'appliquera à ceux qui oseront le Chili. Moi j'aime la variété de styles, mais je dois avouer que la disponibilité de vins de Pinot Noir d'une telle qualité à des prix si abordables modifie mon profil de consommateur. Le Pinot Noir gagne en importance dans la gamme de vins que je bois. Ça me permet de laisser vieillir plus aisément mes vins de Cabernet Sauvignon qui eux ont besoin de plus de temps pour atteindre un registre plus délicat.

[Bourgogre]

Je continue ma revue des vins de Pinot Noir du Chili. Une catégorie de vins qui à mon sens est en progression fulgurante. La SAQ offre actuellement plusieurs vins chiliens issus de ce cépage, entre 20$ et 30$, qui offrent un niveau de qualité renversant. J'ai déjà parlé du Talinay Vineyard, Limari, de Tabali, du Grey, Las Terrezas Vineyard, Leyda, de Ventisquero et du Aconcagua Costa de Errazuriz. J'enchaîne avec un autre vin portant l'appellation Aconcagua Costa, mais il s'agit en fait d'un assemblage issu de deux terroirs, une partie des raisins provient de la vallée de Casablanca à 25 km du Pacifique, et l'autre partie provient de Zapallar dans l'appellation Aconcagua Costa, à 7 km de l'océan. Les proportions ne sont pas spécifiées, mais comme le vin porte l'appellation Aconcagua Costa, je présume que la majorité des raisins provient du nouveau vignoble de Zapallar situé sur la côte au nord de Valparaiso. Le vin a été élevé en barriques de chêne français pendant 10 mois (16% neuves, 13% deuxième usage et le reste de troisième usage). Le vin titre à 14% d'alcool, pour un pH de 2.52 et 2.40 g/L de sucres résiduels. Le vin a reçu une substantielle note de 94 de la part de James Suckling.

La robe arbore une teinte rubis translucide. Le nez est élégant et profond et offre une palette d'arômes typiques de ce cépage, avec de la cerise, de la fraise, une pointe de rhubarbe et un mélange doucement épicé qui évoque la muscade et la cannelle. Très beau nez éclatant et frais. La bouche suit de manière cohérente, le vin montre une belle matière dense et concentrée. Le fruit domine l'action, mais est bien balancé par un juste trait d'amertume et le caractère doucement épicée produit un bel effet gustatif en s'intégrant bien au fruit. Le milieu de bouche confirme le très bon niveau de concentration des saveurs, le tout en préservant la fraîcheur et l'impression de légèreté associée aux bons vins de ce cépage. Les tanins sont discrets et fins et la finale est intense et longue.

Un autre vin de Pinot chilien de fort calibre offert à prix extrêmement avantageux (22.45$). Avec les trois vins nommés en introduction on obtient un quatuor éloquent pour plaider la cause des vins de Pinot Noir du Chili issus des nouveaux terroirs frais. Je n'aurais pas peur de mettre ces vins dans un alignement à l'aveugle aux côtés de vins bien plus chers issus de régions plus réputées. Je ne suis pas un fervent des notes précises sur 100, mais ces vins méritent clairement de tomber quelque part dans l'intervalle 92-95. Ça ne rivalise pas avec la crème de la crème, mais c'est pas très loin derrière, et il y a un monde de différence au niveau du prix. Aussi, je n'ai pas de doute sur le potentiel de garde de ces vins. Vraiment, si vous n'avez pas de préjugés inaltérables contre le Chili, il vaut vraiment la peine de donner une chance à ces vins avec l'esprit ouvert. C'est vraiment très bon et le temps en bouteille les rapprochera encore plus du profil classique du cépage, un peu comme pour les Cabs chiliens qui avec l'âge rejoignent le profil de leurs contreparties bordelaises. Ceci dit, on est ici sur des vins propres où on a pas essayé d'ajouter des éléments aromatiques avec de la fermentation secondaire.

Sûr qu'on va le mettre sur la table...

[Don Max]

Vidéo d'une dégustation à l'aveugle du millésime 2014 de ce vin par le réputé sommelier Andreas Larson. Pas de note mais une bonne description de ses impressions et sur l'origine de climat frais du vin. Pour fin de comparaison, Suckling a octroyé un 93 au 2014, donc selon lui de niveau qualitatif similaire au 2015. Toujours intéressant d'avoir un avis à l'aveugle. À noter, 25% de barriques neuves sur le 2014, ça explique peut-être pourquoi M. Larson note le côté boisé.


https://www.youtube.com/watch?v=_3814w3f98Y


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