CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

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Raisin breton
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CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Message par Raisin breton » mar. 06 mars 2018 12:29

CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Un grand merci au Gaulois et à sa famille pour l’accueil toujours impeccable et la grande générosité ! Notre dégustation du mois portait sur le Rhône sud : autant dire que pour plusieurs d’entre nous, c’était quasiment Terra incognita et angoisse de se retrouver face à des bêtes concentrées et alcoolisées. Je m’étais promis d’arriver l’esprit ouvert et prêt à changer d’avis sur ces vins du sud qui m’ont souvent offert des expériences too much (en dehors de quelques beaux C9P et grenaches à maturité). Malheureusement, cette soirée n’aura pas eu l’effet espéré, comme nous allons le voir… Mais peu importe, c’était encore une belle soirée entre copains !


Mises en bouche


Vitteaut Alberti, Blanc de Blancs Brut, Crémant de Bourgogne

Nez d’agrumes, de craie. Attaque fruitée, milieu rond/gras, on sent un peu le dosage. Bulle fine, mousse abondante en bouche, amers enrobés par le sucre, longueur moyenne (-). Bon mais un peu sucré, ce qui se ressent plus fortement au réchauffement.

Domaine des Marnes Blanches, Chardonnay Les Molates, Côtes du Jura 2016

Nez légèrement exotique avec en plus un petit quelque chose rappelant… la ferme. Belle rondeur en bouche, de la tension mais aussi une certaine amertume et un ensemble qui ne me convainc pas complètement.


L’apéro rouge

Sociando-Mallet 2011
L’un des participants nous sort sa bouteille « bonus » dès le début. Bon, mettre un Bordeaux en apéro, ça sent la cata. Et bien pas du tout, le vin est aimable et coule tout seul ! L’élevage se sent encore mais ne cache pas le vin, les tanins sont fins et n’accrochent pas, c’est très bon. Tout le monde voit un Bordeaux rive-gauche 2006 ou 2008. Pour ceux qui en ont, franchement ça se boit déjà très bien.


Le Blanc


Alain Graillot, Crozes-Hermitage 2015

Nez assez joli, certes boisé, mais aussi sur le miel, l’acacia, l’abricot frais. Malheureusement la bouche est molle, grasse et amère. Sur le tartare de saumon, rien n’y fait : au lieu de jouer avec le gras du poisson, le vin est dépassé par la fraîcheur du plat.


Interlude « Federer est de nouveau n° 1 ! »
Nous avons un fan fini de Federer dans le groupe, qui nous offre une belle bulle à chaque Grand Chelem remporté. Là, c’est pour le retour à la place de N°1, celle de Melbourne attendra le mois prochain !

Agrapart, Minéral Extra-Brut, Champagne Grand Cru
Nez frais, assez intense, sur le pain de mie, la mirabelle, le citron, la craie. La bouche forme un bel ensemble harmonieux, bulle douce, yaourt à la vanille, jolis amers et finale étirée et dense. Joli ! Ne manque qu’un poil d’énergie, de tension, pour appeler plus de superlatifs.


Rouges : les Châteauneuf-du-Pape


Domaine de la Mordorée, La Reine des Bois, Châteauneuf-du-Pape 2011
Nez de prune, liqueur de cassis, herbes et viande. Ça s’annonce costaud en bouche mais c’est pis que ça : dès l’attaque, j’ai l’impression d’être poivré par les CRS, puis l’alcool (15,5°) et l’amertume achèvent le passage à tabac. J’avais promis d’avoir l’esprit ouvert mais là, c’est au-dessus de mes forces.

Bosquet des Papes, Chante le Merle VV, Châteauneuf-du-Pape 2011

Nez de douceur vanillée, de bleuet et d’épices. Joli même si là aussi, l’alcool se fait déjà sentir (15,5° encore…). La bouche est ronde et crémeuse, le fruit joli, il y a une certaine fraîcheur apportée par un soupçon végétal mais le tout est dominé par… l’alcool.

Vieux Lazaret, Cuvée Exceptionnelle, Châteauneuf-du-Pape 2009

Nez de fruits noirs, avec plus de fraîcheur que les précédents mais toujours une bouche dominée par la chaleur alcoolique. Décidément, je n’y arrive pas. Ce n’est pas que moi, la tablée étant très circonspecte sur l’ensemble des vins.

Château de la Gardine, Cuvée des Générations « Gaston Philippe », Châteauneuf-du-Pape 1998

On arrive (enfin !) sur un vin qui semble un tantinet civilisé. C’est évolué avec un fruit encore bien présent, il y a nettement plus de fraîcheur, le tout forme un ensemble cohérent qui se laisse boire plutôt agréablement. Cependant, une légère note de colle/vernis ternit un tout petit peu l’appréciation.

Bilan : franchement pas le pied, les verres finissent presque tous au crachoir. Le 1998 sauve la vague et montre tout de même que ces vins, selon les goûts des dégustateurs, ont besoin de temps. Ceci dit, c’est globalement cher pour tant de brutalité.


Interlude « Ma femme est enceinte ! »


Ferghettina, Brut 2013, Franciacorta

100% chardonnay. Nez de mie de pain, des notes fermentaires, poire, miel. En bouche, beaucoup de bulles un peu grosses qui s’affinent ensuite. Légère sucrosité, amers bien enrobés, jolie finale plutôt salivante, longueur moyenne. Sympa.


Rouges : les Vacqueyras


Domaine Le Sang des Cailloux, Cuvée de Lopy, Vacqueyras 2010
Nez moyennement intense, fruits noirs et herbes. Bouche sur un trio fruit/poivre/alcool qui me laisse encore une fois sur le carreau, je n’y retrouve aucun repère s’apparentant à de la structure et je ne comprends pas du tout le vin. Bof.

Domaine Le Sang des Cailloux, Cuvée de Lopy, Vacqueyras 2014
Nez qui donne enfin un peu de diversité et de complexité. Mûre, vanille, viande fumée, aspect lacté, une certaine fraîcheur. La bouche est veloutée du début à la fin, avec du fruit frais et une touche chocolatée de bel effet. Belle persistance.

C’est donc le vin issu du supposé petit millésime qui emporte l’adhésion ! Quand je vous dis qu’on ne comprend pas ces affaires-là…


Rouges : les Gigondas

E. Guigal, Gigondas 2013
Nez sur la mûre, le menthol et le floral, enfin un peu de fraîcheur. La bouche offre plus d’acidité, des tanins fins et serrés (tiens, c’est le premier vin qui a un semblant de structure tannique), c’est pas mal même si personne n’est en extase. Au final, le vin qui plaît le plus (et le moins cher), même si l’un de nous y voit plutôt un détartrage intégré qu’une saine acidité.

Château de Saint Cosme, Gigondas 2010

Nez herbacé, bouche tannique et amère, sur la prune, longue mais sans charme. Mouais…


BILAN
: des vins dominés par l’alcool, manquant de finesse et de complexité. Ceci dit, le monde n’est jamais noir ou blanc, il faut prendre en compte quelques facteurs : certaines bouteilles qui ont performé nettement sous leur pedigree, les goûts d’une bonne partie de la tablée, et à mon avis la difficulté à apprécier ce genre de vin dans un contexte de dégustation. Parce qu’une bouteille à table sur une viande mijotée, au mois de février, ça doit quand même passer plus facilement que 8.


L’after

Faut pas se laisser abattre ! Ce qui est cool avec notre groupe, c’est qu’on passe toujours un bon moment, même si les vins ne nous font pas décoller. À la limite, c’est presque plus drôle quand on peut dire des horreurs ! On passe à l’after avec des envies de fraîcheur et de gourmandise.

Klein Constancia, Vin de Constance 2008
Nez sur la crème brûlée, la marmelade d’orange, intense et joli. Bouche grasse et opulente mais d’une fraîcheur étonnante. Grande persistance. Excellent mais pas donné.

Hill Farmstead Brewery, Anna

Brasserie mythique du Vermont dont il est très difficile de trouver des bouteilles. Style « Saison ». Fruitée et herbacée, complexe, fraîche et sapide, ça remet les papilles en place !

Brasserie Auval, Saison Espinay

Je trouve le buzz un peu intense mais il est vrai que les bières sont excellentes. Cette Saison est délicieuse, un peu moins dense que la précédente avec un côté plus herbacé.

Jean-Luc Colombo, Syrah Les Ruchets, Cornas 2010
Consensus précaire pour identifier une syrah du Rhône, mais le vin est tellement marqué par le bois… Ça se boit bien quand même mais c’est un peu dommage.

Domaine Pavelot, Pernand-Vergelesses 1er cru Les Fichots 2012

Et bien voilà, c’était pas si compliqué ! Fruit frais, touche de fumée, toucher serré mais satiné, extraction douce et vin qui se détend sur la finale. Joli !

Aurélien Revillot, Les Aubuis, Bourgueuil 2014
Trop jeune mais très beau toucher velouté avec des tanins de grande qualité et un élevage qui ne masque pas le fruit. Belle longueur, un futur beau canon.

Domaine Joblot, Servoisine rouge, Givry 1er cru 2012
Tanins un peu saillants et acidité marquée, j’ai toujours du mal avec Givry… Mais le fruit est très beau, si le tout s’intègre ça doit pouvoir envoyer.


Il est 2h30 du matin, il est temps d’aller déneiger la voiture pour être à l’heure le lendemain et conduire les enfants aux activités du samedi matin. Maudit samedi ! Merci les amis !


"Qu'est-ce que vous regardez ? C'est la carte routière ? - Non ! C'est la carte des vins. C'est pour éviter les bouchons !" Raymond Devos

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Re: CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Message par phil the agony » mar. 06 mars 2018 13:20

Vous êtes fous les amis de Villeray.
Comme une gang d'ados qui se retrouvent chaque mois.
C'est cool ! :!:
Je bois pour oublier que je suis un ivrogne. (Alphonse ALLAIS)

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Re: CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Message par Bermtl » mar. 06 mars 2018 13:56

Un superbe CR très plaisant à lire, merci ! :Bonjour:
Je boirai du lait quand les vaches brouteront du raisin. Henri de Toulouse-Lautrec

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Re: CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Message par Léoville » mar. 06 mars 2018 17:00

Bravo Raisin Breton pour le compte-rendu efficace et clair. C'est bien écrit et l'appréciation (ou la non-appréciation) transparait bien.

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Omar
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Re: CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Message par Omar » mar. 06 mars 2018 23:48

Beau Cr Raison Breton, merci! :!:

Je suis un amateur de CNP, mais je comprends très bien que ce genre de vin est assez particulier et s'apprécie généralement plus à petite dose en mangeant. Votre sélection était un peu jeune et surtout issue de millésimes trop chauds comme 2011. Maintenant je sais que mon profil privilégié pour ces vins naturellement riches sont les millésimes qui associent concentration, structure et fraîcheur comme les 2010 ou les 2016 (à venir!). Je saute désormais les millésimes qui plaisent moins à mon palais.

Au plaisir de déguster de nouveau avec votre belle gang! :Bonjour:

Raisin breton
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Re: CHAPITRE DE VILLERAY, RHÔNE SUD, 16 FÉVRIER 2018

Message par Raisin breton » mer. 07 mars 2018 9:46

Merci messieurs ! :Bonjour:
phil the agony a écrit :Vous êtes fous les amis de Villeray.
Comme une gang d'ados qui se retrouvent chaque mois.
C'est cool ! :!:
C'est pas mal ça !
Omar a écrit :Je suis un amateur de CNP, mais je comprends très bien que ce genre de vin est assez particulier et s'apprécie généralement plus à petite dose en mangeant. Votre sélection était un peu jeune et surtout issue de millésimes trop chauds comme 2011. Maintenant je sais que mon profil privilégié pour ces vins naturellement riches sont les millésimes qui associent concentration, structure et fraîcheur comme les 2010 ou les 2016 (à venir!). Je saute désormais les millésimes qui plaisent moins à mon palais.

Au plaisir de déguster de nouveau avec votre belle gang! :Bonjour:
Difficile de faire une sélection avec des vins plus âgés puisque nous ne les avons pas en cave pour la plupart. Dans ces conditions, il faut tenter, ça n'a pas souri cette fois. En janvier, nous avions goûté au C9P 2005 de Charvin qui aurait pu (dû) nous donner un aperçu d'un vin plus civilisé, mais malheureusement la 1ère bouteille était oxydée et la 2nde pas au niveau attendu.
"Qu'est-ce que vous regardez ? C'est la carte routière ? - Non ! C'est la carte des vins. C'est pour éviter les bouchons !" Raymond Devos

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