Quel est le temps requis pour la production d'un bouchon de liège ?
Il faut en moyenne six mois à un an pour fabriquer un bouchon en liège.
Le Portugal est le plus gros producteur mondial de bouchons en liège.
La récolte a lieu de mai à juin, tous les neuf ans : on retire à l'arbre une partie de son écorce. L'opération est délicate : si l'on ôte trop d'écorce, l'arbre ne se défend plus contre les parasites et meurt... Or un chêne-liège est précieux, puisqu'il ne donne que seize récoltes durant sa longue vie (deux cents ans en moyenne).
Les plaques d'écorce sont stockées à l'air libre afin que le soleil estival les sèche et que la pluie d'automne les lessive de leur sève et des tanins. C'est la phase dite de « stabilisation » qui doit durer six mois, pas plus : au-delà, des moisissures risquent de se développer, et on sait qu'elles sont l'intermédiaire qui transforme les trichlorophénols présents naturellement sur l'arbre en trichloroanisoles responsables du goût de bouchon.
À l'arrivée à l'usine, les plaques sont triées. Le liège est bouilli, afin d'éliminer encore des tanins et de l'assouplir. La technique traditionnelle des plaques empilées et compressées dans une grande cuve est aujourd'hui remplacée par un bain dont l'eau est recyclée pour éviter que les TCA ne se répandent d'une planche à l'autre. Et les plaques ne sont plus compressées, afin de ne pas se comporter comme une éponge. Du coup, on met moins de plaques dans le bain, c'est moins rentable, mais cela présente un avantage crucial au moment de l'étape suivante.
Le séchage est en effet la seconde phase critique dans la chasse aux TCA. Le liège humide, tout juste sorti du bain, est mis à sécher afin d'atteindre le seuil de 12 % d'hygrométrie qui le rendra idéal à travailler. Plus il est humide, plus il met de temps à sécher et plus les moisissures ont le temps de se développer. Un liège à 20 % d'hygrométrie met trois jours, un liège à 40 % prend trois semaines. D'où l'intérêt de le bouillir sans le comprimer afin de ne pas lui faire absorber trop d'eau..
Le tubage des bouchons est un art. Les ouvrières déterminent en un coup d'oeil la qualité du bouchon à tuber. Les chutes des plaques servent à faire les bouchons agglomérés. Rien ne se perd ! Les bouchons sont désinfectés et triés en fonction de leurs défauts apparents : nervures, petits trous, etc. Les meilleurs sont les plus lisses, sans lenticelles. Les moins bons sont colmatés, c'est-à-dire qu'on en comble les trous pour en limiter la porosité. Puis on les ensache sous atmosphère protectrice, et on les expédie aux distributeurs ou directement aux vinificateurs. Juste avant l'expédition, on teste les bouchons.
Source : Magazine Le Point