Dans mes archives, j'ai retrouvé quelques CR à propos du Cabernet de Catena et de la Syrah d'Errazuriz. Un de ceux-ci est à propos de Cabernet, 1997, mais je je le trouvais intéressant. Aussi, lors de mon CR de la Syrah, je pensais que c'était ma dernière bouteille. Heureusement, j'avais mal vérifié mes stocks. Il restait une orpheline. C'est drôle de pouvoir se relire après quelques années. Ça aide à mettre en perspective son expérience. Gardez des copies de vos CR.
Don Max a écrit :
CABERNET SAUVIGNON, 1996, MENDOZA, CATENA
Dégusté en ce temps des Fêtes un vin Argentin magnifique, soit le Cabernet Sauvignon, 1996, Mendoza, Catena. Ce vin provient du vignoble Uxmal situé dans le district de Agrelo à 940 M d’altitude au pied des Andes. Le vin composé de 100% de Cabernet Sauvignon a été élevé en barriques de chêne (93% Français, 7% Américain et 55% neuves) pendant 18 mois et n’a pas été filtré avant l’embouteillage.
La robe est encore très foncée, mais translucide au pourtour. Le nez est superbe, concentré, riche et complexe. Fruits rouges et noirs, notes de cèdre et épices s’allient aux arômes subtilement vanillés encore bien présents apportés par le bois. C’est le genre de vin que l’on apprécierait seulement pour le nez tellement il est bien dosé, élégant et harmonieux. On ne se lasse pas d’y revenir, encore et encore. Heureusement, la bouche est à la hauteur et ne déçoit pas. L’attaque est ample et les riches saveurs de fruits se répandent allégrement dans la bouche. Belle structure présentant des tannins fondus à l’ensemble, les saveurs s’étirent un très long moment en fin de bouche sur une amertume délicate.
Ce vin démontre pourquoi Catena est considéré par plusieurs comme le meilleur producteur de vin d’Argentine. Ce vin se vendait $20.55 il y a quatre ans et on peut aujourd’hui se procurer le 2002, d’un excellent millésime, pour $21.35. Pas de flambée folle des prix avec ce vin et une qualité supérieure. Vin idéal pour la cave.
CABERNET SAUVIGNON, 1996, MENDOZA, CATENA
Voici un vin qui approche les dix ans d’âge. Un vin de milieu de gamme d’Argentine, même d’un producteur réputé, peut-il tenir la route aussi longtemps? La réponse est dans la bouteille! Voyons voir.
La robe est sombre et pratiquement opaque. Le nez montre une intensité idéale qui permet d’exprimer le très bel équilibre présent entre l’aspect fruité et les notes épicées et boisées subtiles. Le tout est supporté par une belle touche minérale qui apporte une impression de profondeur. Très beau nez qui donne le goût d’y revenir souvent en cours de dégustation. Voilà un signe qui généralement ne ment pas. L’impression d’équilibre et d’intensité bien dosée se transpose admirablement en bouche, sur une attaque enveloppante et soyeuse. Les couches de saveurs glissent les une contre les autres sur une concentration généreuse évitant toutefois l’excès. Cette bonne mesure donne un vin des plus agréables à boire qui privilégie l’harmonie et le raffinement. Bonne longueur.
Ce vin est excellent et ne montre aucun signe de déclin. Je ne serais pas étonné qu’il puisse évoluer harmonieusement pour dix autres années. Vraiment, j’aime les meilleurs vins argentins et chiliens de cette catégorie de prix. Mon expérience m’a montré qu’ils sont aptes au vieillissement et qu’ils montrent souvent un plus bel équilibre que les vins dits “premiums”, en évitant l’excès de concentration qui rend ces vins parfois difficiles à boire.
CABERNET SAUVIGNON, 1997, MENDOZA, CATENA
Ce vin est un de mes favoris. Le compromis idéal selon moi entre l’ancien et le nouveau monde. Constant, millésime après millésime, c’est beaucoup plus qu’un bon RQP. C’est un vin que je qualifierais d’exceptionnel, compte tenu de son prix et du fait qu’il peut être apprécié en jeunesse, comme le 2003 actuellement disponible, ou être gardé plus de 10 ans pour apprécier les joies de boire un vin transformé harmonieusement par le temps. Si on m’octroyait, par exemple, 10000 $, en me disant que je dois dépenser cette somme maintenant, en achetant un seul vin et que ce vin sera le seul que je pourrai boire au cours des dix prochaines années. Parmi les vins que je connais, c’est celui-ci que j’achèterais, le 2003. Ça me ferait environ une bouteille par semaine d’un excellent vin, qui tiendrait la route dans le temps et dont je sais que je ne me lasserais pas.
La robe est foncée et pratiquement opaque. Le nez, comme toujours avec ce vin, est des plus agréables, s’exprimant avec la juste mesure. De belles notes de fruits rouges et noirs sont à l’avant-plan, rehaussées par un délicat caractère minéral et des arômes de bois de cèdre, d’épices douces, de café et d’humus. Très bonne complexité et il est difficile pour moi de mettre des mots sur tout ce qui s’y retrouve. La bouche suit, harmonieuse et intense, encore dominée elle aussi par le fruit, mais complétée par un caractère évolué. L’équivalent gustatif de ce que je nomme humus au nez. Une fine amertume encadre et soutient ces saveurs, donnant une impression de droiture à l’ensemble. En milieu de bouche, le vin ne fléchit pas, démontrant plutôt sa profondeur et son équilibre. La trame tannique est à des lieux du cliché nouveau-monde et contribue à une impression de main de fer dans un gant de velours. Un velours ras et tissé serré. En finale, les saveurs se fondent en un délectable amalgame qui s’accroche aux papilles un long moment, avant de les laisser éblouies, appelant déjà la prochaine gorgée!!!
Que dire de plus, sinon que ce vin ne m’a pas déçu. En fait, il a fait plus que ne pas me décevoir, il m’a carrément charmé. Difficile de croire qu’un tel vin puisse être acheté pour si peu. Le moins que je puisse dire, c’est que cette bouteille confirme tout ce que je disais en préambule. Il semble que je ne soit pas le seul à penser ainsi, malheureusement, le 2003 est pratiquement “sold-out”. Heureusement, il est dans la livraison du 19 août de VINTAGES, tout comme le Malbec 2004, ainsi que le Clos de Los Siete, 2004, dans un autre registre toutefois!.
SYRAH, RESERVA, 1997, ACONCAGUA, ERRAZURIZ
J’ai tellement aimé la bouteille de 2001 de ce vin ouverte il y a quelques jours, que j’ai décidé de remettre ça, un soir de semaine, en descendant encore plus dans le temps. En fait, ce 1997 est le premier millésime dans lequel ce vin a été produit. Errazuriz ayant été les premiers à planter des vignes de Syrah au Chili en 1992. Ce vin provient donc de très jeunes vignes et le moins que je puisse dire, c’est que j’avais adoré les trois premières bouteilles que j’avais dégustées à environ deux ans d’intervalle. Celle-ci est malheureusement ma dernière.
La robe ne montre aucun signe évident d’évolution, étant sombre et encore parfaitement opaque. Au nez toutefois, il est clair que l’on est en présence d’un vin qui a un certain vécu. Le fruité de belle qualité est encore au premier plan, mais des notes d’humus sont aussi bien présentes. En complément on remarque des notes douces d’épices et des relents empyreumatiques d’un boisé maintenant tout à fait intégré à l’ensemble. Quel beau nez complexe, généreux et agréable. En bouche, l’attaque est surprenante de jeunesse, avec de l’amplitude, du volume et de la fraîcheur. Le fruité encore éclatant domine, mais comme pour le nez, des saveurs évoluées d’humus et de champignons l’accompagne. Le caractère boisé est aussi encore bien présent et vient contribuer à l’ensemble par une fine amertume. En milieu de bouche, les divers éléments ne fléchissent pas et gardent le cap, voguant sur une mer tannique des plus fine. L’arrivée se fait à bon port dans une finale équilibrée et fondue, d’un niveau de persistance supérieur.
Que dire de plus sur ce vin sinon qu’il est excellent et qu’il va à l’encontre de bien des idées reçues. Idées reçues comme: les vins de jeunes vignes ne peuvent pas vieillir favorablement. Comme: les vins chiliens sont sans intérêt pour la garde. Comme: il faut l’expérience du mariage cépage-terroir pour pouvoir produire un très bon vin. Dernier point. Ça fait plusieurs fois que je le répète, mais je vais le faire encore. La Syrah est le futur grand cépage du Chili, bien meilleur que le Carmenère et capable de s’exprimer pleinement par lui-même d’une façon originale qui se distingue clairement de ses contreparties françaises ou australiennes.
J'ai eu une longue et intéressante discussion avec lui. Je lui ai d'ailleurs demandé pourquoi le Chili ne vendait presque pas de millésimes plus âgés de ses vins, faisant valoir que ce serait une bonne façon de changer son image et de montrer le potentiel de ses vins. Il s'est montré d'accord, mais m'a expliqué que c'est d'abord et avant tout une question de coûts et de marché. Vendre des vins plus âgés implique un coût plus élevé, et ce faisant, il faut qu'il y ait un marché pour cela. Moi je lui ai fait valoir que pour qu'il y ait un marché, il fallait le dévellopper. Il était d'accord, mais ça revient à une question de volonté de prendre ce risque de la part des producteurs. Pour revenir au cépage Syrah au Chili, Flaherty s'est montré très enthousiaste. Selon lui c'est actuellement le meilleur cépage rouge au Chili avec le Cabernet Sauvigon. Il place ensuite le Carmenère et le Malbec. Selon lui, la Syrah chilienne a un style qui lui est propre, qui se situe quelque part entre les pôles français et australiens. Bien sûr, c'est une généralisation, mais il m'a confirmé dans ce que je pensais déjà. Toujours intéressant de discuter avec quelqu'un directement impliqué.