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par Don Max » ven. 08 août 2008 15:11
Une autre expérience intéressante dans ma compréhension du comportement des arômes dans le vin, et plus spécifiquement, celui de 4-EP. Plus tôt cette semaine j'ai ouvert une bouteille de Syrah, Reserva, 2003, Limari, Vina Tabali. J'ai brièvement commenté le vin, ici sur FDV, en disant qu’il présentait un profil français intègre incroyable et que personne n'aurait misé Chili à l'aveugle. Trois jours plus tard, je ressors le reste de la bouteille gardée au frigo. Le caractère de 4-EP est alors bien évident. Pourtant, le jour de l'ouverture, je n'avais rien perçu, même si j’avais trouvé que le vin faisait français. Il me restait donc une bouteille de ce vin, et j'ai décidé de l'apporter à la dégustation Open FDV. Comme toujours, j'ouvre la bouteille avant de partir de chez-moi pour vérifier s'il n'est pas bouchonné. Avec du vin dans le verre, je ne perçois aucun 4-EP et le vin semble très semblable à la première bouteille à l’ouverture. Toutefois, une fois le contenu du verre remis dans la bouteille, le 4-EP est faiblement perceptible à partir des quelques gouttes qui restent dans le verre. Je suis intrigué. Toujours est-il que j'apporte la bouteille à la dégustation en me disant qu'en aveugle je verrai si je détecte quelque chose, ou si quelqu’un d’autre pourra le faire. Lors de la dégustation, je n'arrive même pas à identifier mon vin avec certitude, et je ne détecte pas de 4-EP ou d'arôme de type bretté. À un point durant la dégustation, en aveugle, Blacksmith dit en percevoir dans le vin numéro 4, qui était le Tabali, puis se ravise. Après le découverte des bouteilles, je ne perçois toujours pas de 4-EP dans ce vin. Je demande à Blacksmith, que je sais fiable pour détecter cet arôme, sans lui avoir raconté toute l'histoire. Il ne voit toujours pas de "brett" dans ce vin. Par la suite, je sors mon vin ouvert trois jours plus tôt et lui fait sentir. Affirmatif. Le caractère "bretté" est bien présent. Je lui raconte ensuite l'histoire.
Rien de scientifique dans cette histoire. Juste une observation empirique basée sur la perception. Mais pour moi, ça me confirme que l'arôme de 4-EP, lorsqu'il n'est pas en concentration trop élevée, peut prendre du temps à se révéler, ou à s’exprimer totalement. Ce n'est d'ailleurs pas ma première expérience en ce sens, mais c'est la première fois où s'est aussi marqué dans le temps. Mes autres expériences m'avaient montré qu'un vin pouvait apparaître libre de 4-EP à l'ouverture, et que ce caractère apparaissait par la suite graduellement, 30 minutes ou une heure après l'ouverture, comme ça arrive souvent pour bien d'autres arômes d'ailleurs. À mes débuts dans le vin, j'étais sceptique par rapport aux phases d'ouverture et de fermeture du vin. L’expérience aidant, je suis forcer de reconsidérer ma position. Il est pour moi de plus en plus clair que l'expression des arômes dans un vin, est en relation avec l'état du vin à un moment donné, et à son niveau d'exposition à l'oxygène. C'est quelque chose de complexe. Ça varie selon le vin et dans le temps. Toutefois, je demeure convaincu qu'il est difficile d'invoquer cela pour défendre un vin qui paraît mal. Pour moi, il demeure difficile de distinguer ce phénomène de celui du déclin réel, ou de la simple mauvaise bouteille. Ce n'est qu'en buvant beaucoup de bouteilles d'un même vin, achetées en même temps, et gardées de la même façon, qu'on peut parfois, a posteriori, se rendre compte qu'une bouteille bue des années plus tôt était peut-être dans une phase de fermeture. Enfin... Je suis parti du 4-EP pour finir avec les phases de fermeture. Pour moi, c'est ce qui rend ce liquide si intéressant et intriguant.
Don Max